Gurdil était encore tout sonné... Non, décidément, l'Ether, il ne s'y ferait jamais... mais au moins cette fois il avait retrouvé son chemin relativement rapidement. En fait, il s'était contenté de suivre l'ombre d'Horus, son compagnon de route et de combat de ces derniers jours. Drôle de personnage que cet Horus... il avait un peu appris à le connaître ces derniers temps : enthousiaste sans aucun doute, avec un certain sens des responsabilités... Toujours est-il que l'observer maintenant de loin alors que celui-ci retrouvait son camarade de toujours renforçait son étonnement. Il lui restait décidément beaucoup à découvrir sur ce garçon.
D'une manière générale, beaucoup de choses avaient changé depuis ce jour déjà lointain où il avait été séparé de ses camarades dans leur fuite éperdue de Cristal. Depuis, il avait connu la solitude, des compagnons parfois étranges, mais surtout la première victoire militaire, même modeste, à laquelle il avait vraiment l'impression d'avoir pris part. Oui, décidément, c'était pour celà qu'il s'était entrainé depuis si longtemps ! La suite avait été moins glorieuse, et l'équipée avec Horus s'était finie sous le dard d'un homme-scorpion.
Maintenant, il ruminait sombrement sur les évènements qui avaient suivi sa renaissance de l'Ether. A présent, la compagnie qu'il redoutait le plus était celle qu'il avait tant espéré pendant tout ce temps. C'est sans doute pourquoi il tressaillit si violemment en sentant se poser une main frêle sur son épaule, alors qu'il s'y attendait.
- Ainsi, tu daignes revenir parmi nous ? fit Galdrin en s'asseyant à côté de lui. C'était bien ta campagne improvisée à l'est ? Il se rendait bien compte qu'il y avait un problème. En temps habituel, le nain lui aurait déjà lancé une répartie cinglante. Le ton trop normal avec lequel il lui répondit le conforta dans ses craintes.
- Pas mal. J'étais un peu cerné par les incapables, mais une ou deux soufflantes et Horus pour la partie plus "diplomatique" et ils avaient l'air de pas mal comprendre... On a même réussi à leur inculquer le principe de la marche en quinconce . C'était pas mal... Sa voix s'éteignit, et sa main se porta machinalement vers l'arrière. Galdrin vit aussitôt ce qui clochait. Il tenta une approche délicate.
- J'ai vu Horus en ville tout à l'heure, il m'a raconté pour cet homme-scorpion... Quelle malchance qu'il n'ait pas fait que t'enfoncer son dard dans le.. dos !
Ca, c'était leur humour. Ils s'étaient toujours illustrés dans leur entourage par leur capacité à se rire de la mort, y compris de la leur. Pour autant, ils respectaient beaucoup la vie, comme tous les Purs, mais c'était leur manière d'affronter le combat sans crainte. Gurdil leva un regard un peu surpris vers l'Elfe.
- Tu trouves que ce n'est pas assez ? Que veux tu qu'il m'ait fait d'autre ? fit-il d'un air morose. Puis il surprit le regard de Galdrin s'égarant vers son dos, là où aurait dû se trouver son épée. Il eut alors l'air coupable, oui coupable ! Cela, Galdrin ne l'avait jamais vu chez lui.Il lui fallait vraiment le fin mot de l'histoire, et il finit par perdre patience.- Bon, si tu me disais ce qui lui est arrivé, à cette épée, si elle ne s'est pas brisée sur le dos de ce damné homme-scorpion ?
- Je... je l'ai vendue.
- HEIN ???
- Tu m'as très bien compris fit Gurdil, l'air un peu agressif maintenant. Puis il finit par admettre qu'il se devait d'en dire plus. Tu comprends, j'avais du beau matériel dans mon sac, je l'avais ramassé un peu partout, et bon, voilà en sortant de l'Ether, tu sais ce que c'est, je n'étais pas très en forme, et j'ai fait l'erreur d'aller tout de suite au marché. Et je ne comprends toujours pas comment a fait ce damné petit bonhomme pour m'embobiner, au point que j'ai confondu mon épée et celle de mon sac, et voilà, je l'ai vendue.
Galdrin en resta complètement muet. Ainsi il l'avait vendue, cette fameuse épée à deux mains qui, il le savait, était devenue une autre partie de lui-même. C'était presque ridicule de l'avouer, mais il en était parfois arrivé à en être jaloux, de cette épée qui semblait lui enlever une partie de l'amitié de son compère barbu. Il l'avait reçu voilà longtemps déjà de Maugen, avant que celui-ci disparaisse de leur vie à tous. Il l'avait fièrement maniée sur tous les fronts depuis lors, parfois désespérément, parfois glorieusement... Bref, cette épée, c'était un morceau de sa vie. L'ironie de la situation était telle que Galdrin n'y tint plus : il éclata de rire.
- C'est bien l'histoire la plus ridicule que j'aie jamais entendu, et il faut que ce soit à toi, mon ami, qu'elle arrive ! Quelle joyeuse compagnie nous formons décidément !
Le nain était ébahi par la réaction de son ami ! Il ne s'attendait certes pas à de la pitié de la part de celui-ci, mais de là à rire de ses déboires ! Dans un accès de colère, il se redressa, sa main se porta derrière lui pour saisir la garde de son épée, mais bien entendu ne rencontra que le vide. Ce n'était pas grand chose, mais cela suffit à le déséquilibrer, et il se retrouva assis stupidement au sol, ce qui fit redoubler l'hilarité de l'Elfe. Ce n'était pas un rire tellement agréable, Gurdil l'avait toujours trouvé grinçant du cynisme qui caractérisait son ami, même si finalement c'était ce qu'il appréciait le plus chez lui. Dans de telles circonstances pourtant, ce rire contribuait grandement à dédramatiser la situation. En fait, tout penaud qu'il était, il ne restait qu'une issue au Nain : il éclata de rire à son tour.
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Voilà, c'est pas terrible, ça n'est même pas en fait une présentation des personnages, encore que j'aie tenté d'introduire quelques éléments du background qui est relativement clair dans ma tête, mais je prends jamais le temps... En tout cas j'avais envie (j'assume jusqu'au bout !) de raconter cette histoire parfaitement ridicule et tristement véridique : j'ai bel et bien revendu au marché pour une poignée d'oboles l'épée à 2 mains +2/+9 que m'avait cédé Maugen'ra avant d'arréter de jouer. Finalement mieux vaut en rire même si au début je l'ai eue mauvaise ! Ca n'est qu'un jeu...
Sujet: Comment perdre une grosse épée 
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